10 Mai Saint-Léon : ils se battent pour sauver leur pharmacie
A Saint-Léon-sur-l’Isle, la fermeture annoncée de la pharmacie suscite l’inquiétude des quelques deux mille habitants du village. Sous l’impulsion des élus de la commune, tous se mobilisent pour le maintien de leur officine.
Ce mardi 9 mai, la salle des fêtes est bondée. A l’appel du conseil municipal, de nombreux Saint-Léonais sont venus assister à une réunion publique en vue de discuter de l’avenir de la pharmacie de la commune. En effet, sa propriétaire souhaitant faire valoir ses droits à la retraite a mis son officine en vente voilà plusieurs mois. Son prix : 1,4 millions d’euros décourageant quelconque repreneur… Tous sauf les propriétaires des pharmacies de Saint-Astier et Neuvic qui ont d’ores-et-déjà signé une promesse de vente. Ce qui aurait dû être une bonne nouvelle, s’est cependant très vite transformée en véritable douche froide, les candidats associés au rachat n’ayant pour objectif que de tirer définitivement le rideau sur la pharmacie saint-léonaise.
« Notre pétition a déjà recueilli plus de 800 signatures, il faut aller plus loin »
Benjamin Regonesi, conseiller municipal, secrétaire de la section PCF
Dès les intentions des repreneurs connues, le groupe communiste du conseil municipal a lancé une pétition pour alerter les habitants de la commune. Preuve en est que ces derniers sont fermement attachés à ce service de proximité : en à peine quelques jours, celle-ci a recueilli plus de 800 signatures. « Nous ne pouvons envisager qu’un éventuel rachat puisse se traduire par l’abandon de ce service indispensable aux besoins des habitants », indique Benjamin Regonesi, conseiller municipal communiste, « notre mot d’ordre est clair : nous voulons conserver une pharmacie à Saint-Léon, point ! ». Ce dernier insiste sur la mobilisation de toutes et tous pour peser dans le débat : « Les élus seuls ne suffiront pas à convaincre. Il faut un collectif citoyen large et pluraliste pour inciter les autorités à mettre leur véto sur cette fermeture et pour trouver un repreneur qui maintiendra l’activité ».
Dans l’assemblée, on souscrit pleinement à cet appel sans pour autant cacher une certaine amertume. « Racheter pour mieux fermer, mais c’est un véritable dumping ! », s’exclame un habitant, « comment peut-on laisser faire ça au détriment de tout un bassin de population ? ». Plus loin on souligne le « maillon essentiel » qu’est une pharmacie « pour nos petites communes ». Le maire du village, Gérard Saurin, n’hésite pas de son côté à qualifier de « requins » les repreneurs mal intentionnés. Il est loin d’être le seul à voir dans ce rachat une opération juteuse pour les acheteurs. « Ils s’offrent ni plus ni moins une patientèle », s’indigne un Saint-Léonais, « c’est du business. Comme pour les labos, ils sont là que pour faire du fric, les besoins des habitants c’est le cadet de leur soucis ! ».
Le futur Centre de Santé en ligne de mire ?
Une autre question se pose dans ce rachat : celle du futur Centre de Santé de Saint-Léon-sur-l’Isle dont les travaux doivent débuter l’automne prochain (lire ici : La voix de Jacquou | Centre de santé communautaire a St Leon sur l’Isle : une victoire pour la santé des habitants ). Le projet porté depuis de longues années par les élus communistes fait l’objet de nombreuses levées de boucliers dont celles de la commune de Neuvic qui a déposé un recours devant le tribunal administratif, et ce malgré l’accord favorable de l’Agence Régionale de Santé et de l’Ordre des Médecins. Or, le pharmacien de Neuvic associé à celui de Saint-Astier au rachat, est également conseiller municipal de sa commune… De là à dire qu’il y a conflit d’intérêt il n’y a qu’un pas ! « Il ne faut pas être naïf : pour tous ceux qui s’ingénient à se battre contre le Centre de Santé, la fermeture de notre pharmacie est une aubaine ! », lâche un habitant rejoint dans ses propos par plusieurs administrés qui condamnent une opération purement comptable au détriment de la population. Jean-Luc Laforce, l’ancien maire de la commune rappelle combien la municipalité précédente avait favorisé le déménagement de la pharmacie sur le terrain avenue de la République pour s’agrandir et être mieux située : « Aujourd’hui, c’est une pharmacie moderne, visible, sur du passage, une pharmacie qui est loin d’être en déclin et pour laquelle le Centre de Santé va attirer une nouvelle patientèle. Il n’est pas question qu’on abandonne cet équipement essentiel à la vitalité de notre commune et à ses habitants ». On l’aura compris, la détermination de toutes et tous à ce que l’officine locale poursuive son activité est sans faille. Le 12 mai prochain, une délégation d’élus dont la sénatrice Marie-Claude Varaillas rencontrera le Préfet et le représentant de l’ARS pour discuter de cette situation et tenter de la débloquer favorablement.
Une autre date est à noter : le 20 mai à 11 h, toutes et tous ont décidé d’une manifestation devant la pharmacie pour la défense de leur pharmacie.