Ian Brossat : « La question des retraites doit être tranchée par le peuple »
1046
post-template-default,single,single-post,postid-1046,single-format-standard,bridge-core-2.6.4,tribe-no-js,page-template-home-lavoixt-www-wp-content-themes-bridge-page-php,qode-page-transition-enabled,ajax_fade,page_not_loaded,,qode-title-hidden,qode_grid_1300,footer_responsive_adv,qode-content-sidebar-responsive,qode-theme-ver-24.9,qode-theme-bridge,qode_header_in_grid,wpb-js-composer js-comp-ver-6.5.0,vc_responsive,elementor-default,elementor-kit-191

Ian Brossat : « La question des retraites doit être tranchée par le peuple »

La fête des vendanges de Saint-Léon-sur-l’Isle s’est déroulée en présence de Ian Brossat, et le chapiteau dressé pour accueillir le débat s’est révélé trop petit. La lutte contre la vie chère, la défense des services publics ou encore la démocratie locale ont été au cœur des interventions.

En préambule Benjamin Regonesi, le secrétaire de la section de Saint-Léon et Julien Chouet, le secrétaire départemental du PCF avaient rappelé la situation locale et nationale, et Marie-Claude Varaillas, sénatrice, avait indiqué que 18 % des Périgourdins vivent en dessous du seuil de pauvreté, et que la Dordogne compte 12 % de chômeurs, avec une population vieillissante et une perte de démographie, surtout scolaire (moins 500 élèves en primaire par an).

Ian Brossat est brièvement intervenu pour dénoncer les incohérences du gouvernement : une inflation à 6 % mais une augmentation des produits de première nécessité à plus de 6 % ce qui frappe les plus fragiles de plein fouet, une limitation du chauffage à 19° quand 12 millions de personnes vivent en situation de précarité énergétique, la retraite à 65 ans alors que le système est en équilibre. « On a affaire à des gens complètement irresponsables », conclut le porte-parole national du PCF, « ce qui doit être à l’ordre du jour désormais, c’est un changement profond de société ».

Plus d’une cinquantaine de personnes ont assisté au débat animé par Ian Brossat, Marie-Claude Varaillas et Julien Chouet

« L’abandon des territoires nourrit la colère et favorise le vote RN »

Julien Chouet, secrétaire départemental

Les militants sont intervenus sur l’agriculture, « qui est aujourd’hui délocalisée », dénonce Muriel, agricultrice. « Il reste 384 000 exploitations agricoles. Dans dix ans, la moitié des agriculteurs sera à la retraite, et les paysans ne seront plus que 1 % de la population. Comment, avec 1 %, nourrir 67 millions de Français ? ». Un maraicher bio faisait part de sa difficulté à investir la restauration collective, même les cantines autour de chez lui, et Bernie, retraitée de la Poste, se montrait très inquiète du désengagement total de l’État et de ses conséquences dans les secteurs ruraux mais aussi les petites communes. Patrick, sylviculteur, exposait les problèmes de ce secteur, tandis que Jean-Luc, ancien maire de Saint-Léon-sur-l’Isle revenait sur l’inflation, et la grève des salariés des raffineries. « Ils posent les problèmes de salaire, ce qui fait peur au gouvernement ». Il évoquait le centre communal de santé, dont Benjamin avait dans son introduction rappelé la genèse et les dix ans de combat pour l’obtenir enfin, et soulignait « l’importance du travail de terrain, et d’avoir des élus communistes ». Vianney rappelait que le PC n’opposait pas la ruralité et les métropoles, qui subissent de la même façon « les logiques capitalistes et de marchandisation de nos vies ». L’idée d’un référendum sur les retraites lui semble capital : « il faut être massif sur cette question ». Il fut également question du problème du ramassage des déchets, avant que Julien Chouet ne revienne sur les 89 élus RN à l’Assemblée nationale. « Ils viennent majoritairement de milieux ruraux ». Face au constat d’abandon, il plaidait pour les batailles à mener autour de l’énergie, des retraites…

« Ils ont flingué l’hôpital et l’école, et maintenant c’est le système de retraite qu’ils veulent attaquer »

Ian Brossat, porte-parole du PCF

Ian concluait en revenant sur trois points. Les retraites, dont la réforme qui n’est justifiée par aucun impératif, « est un choix de société. Quand nos aînés ont mis en place la Sécurité Sociale en 1945, ils n’ont pas commencé à se demander combien ça allait coûter. Ils se sont d’abord dit que c’était une nécessité pour relever le pays qui sortait de la guerre. Ils ont donc conçu le système et ensuite ils ont trouvé les financements à travers les cotisations. C’est dans cet ordre-là qu’il faut réfléchir. Au regard de toutes les richesses que nous produisons, ce n’est tout de même pas une ambition exorbitante de permettre qu’à soixante ans on puisse jouir d’une retraite digne. A écouter le gouvernement, on a l’impression qu’on est un pays sous-développé. Pourtant la France est la sixième puissance économique au Monde, on doit tout de même être capable d’assurer la retraite à soixante ans pour tous ceux qui, au terme d’une vie de labeur, ont droit de se reposer ». L’élu de la mairie de Paris ne se leurre pas sur les objectifs du gouvernement quant à cette réforme : « Bruno Le Maire a fini par l’admettre : la réforme des retraites va servir à financer des baisses d’impôts pour les entreprises ».   Puis, ce dernier évoquait la situation de la gauche aujourd’hui : « La gauche est vivante, mais pas gagnante. Elle a 150 députés, mais pas de majorité. Les résultats sont meilleurs dans les métropoles qu’en milieu rural. Comment porter un combat commun aux grandes métropoles et à la ruralité ? Une des grandes questions est l’abandon par l’État des territoires. Il faut donc réfléchir à comment organiser le retour de l’État dans les quartiers populaires comme dans les territoires ruraux ». Enfin, pour Ian Brossat l’espoir demeure une question fondamentale : « Les luttes doivent être très médiatisées pour montrer que des combats sont menés, certains gagnés, et redonner des espoirs de changement à nos concitoyens ».

Le débat terminé, les discussions se sont poursuivies durant l’apéro et autour du repas concocté et servi par les bénévoles de la section, merci à toutes et tous pour ce beau moment de fraternité.

Isabelle Vitté

Interview de Ian Brossat dans la Dordogne Libre du lundi 10 octobre 2022