03 Nov Fermeture de l’EHPAD de Vergt : démonstration de force de tout un village
Près de 300 personnes se sont mobilisées ce jeudi matin à Vergt pour dénoncer le projet de fermeture de l’EHPAD du groupe privé Korian.
Le rassemblement ne passe pas inaperçu dans ce village qui compte à peine 1 700 âmes. Personnels de la maison de retraite, habitants, commerçants, parents de résidents, élus… tous se sont mobilisés pour s’opposer au projet du groupe Korian. En tête de cortège, écharpes tricolore sur les épaules, les maires du canton, dont celui de Vergt, ne décolèrent pas. « Cette fermeture voulue par Korian est en tout point incompréhensible », fustige Pierre Jaubertie, le maire de la commune, « cette petite maison de retraite accueille vingt-six résidents, tous originaires du canton, à qui l’on va imposer ainsi qu’à leurs familles, de faire des kilomètres pour rejoindre les plus imposantes structures de Sanilhac ou Trélissac ? Dans ce cas, qu’on ne vienne pas nous parler de sobriété énergétique ». L’édile s’inquiète évidemment pour la vitalité de son village. « La fermeture de l’EHPAD romprait avec la dynamique qui s’est construite autour d’elle avec notre récente Maison de Santé, les pharmacies de la commune, ainsi que les commerces. On nous parle de lutte contre la désertification médicale, mais finalement on voit ici qu’elle est organisée. Aujourd’hui, c’est une bagarre que nous menons pour la défense de nos territoires ruraux, pour un véritable maillage territorial de services, pour une ruralité heureuse ! ».
« Korian ne cherche qu’à rentabiliser ses coûts au détriment de l’Humain »
Pierre Jaubertie, maire de Vergt
L’objectif de Korian dans ce projet ne fait aucun doute aux yeux du maire : « On sacrifie ici les résidents, leurs familles et les personnels sur l’autel de la rentabilité ». Le groupe enregistre pourtant un chiffre d’affaires en augmentation de plus 6 % par rapport à l’an passé, soit 3,35 milliards d’euros. Des chiffres records qui encouragent les salariés de la structure à poursuivre leur action pour la défense de leur établissement. « Nous sommes dix-huit salariés dans la structure, et aucun n’a l’intention d’aller ailleurs », glisse Adrien Boulet, le représentant CGT des personnels, « nous travaillons à Vergt, y vivons, y habitons ». Le syndicaliste pointe la taille humaine de son petit EHPAD, le bien-être au travail des personnels qui s’y trouvent, et la qualité des soins auprès des personnes âgées : « Les soignants aiment leur travail ici car ils ont du temps, le prennent pour chaque résident, ce qui ne sera clairement pas le cas dans les établissements promis par Korian, qui sont de véritables usines ». L’EHPAD de Sanilhac compte en effet actuellement 76 places et pourrait accueillir 8 lits supplémentaires. Quant à celui de Trélissac, il devrait être entièrement reconstruit pour passer de 67 à 85 places.
Tous sont déterminés pour faire revenir Korian sur sa décision. Le président du Grand Périgueux, Jacques Auzou, doit en ce sens rencontrer les représentants du groupe privé. En attendant, un nouveau rassemblement des personnels aura lieu devant l’établissement de Vergt, le lundi 7 novembre à 14 h. Une association de sauvegarde vient d’être créée et une pétition circule et a déjà recueilli près de deux mille signatures.