
27 Mai Un Mapuche au Sénat
Le 29 avril dernier, la sénatrice de Dordogne, Marie-Claude Varaillas (CRCE-K) et plusieurs de ses collègues du groupe d’amitié France–Pays du Cône Sud ont reçu au Sénat Jaime Huenchullan, le porte-parole d’une communauté mapuche.
Une mission : faire entendre la voix des Mapuches et raconter « l’oppression » et les « persécutions constantes » subies encore de nos jours par l’un des principaux peuples autochtones d’Amérique du sud. Loin du Wallmapu, Jaime Huenchullan, porte-parole de la communauté mapuche Temukuikui près d’Ercilla en Araucanie a pu raconter cette histoire tourmentée des Mapuches (« les gens de la terre ») qui est celle d’une « dépossession ». « Nous nous battons pour récupérer un peu de terres prises à nos ancêtres » explique-t-il sobrement aux membres du groupe d’amitié France–Pays du Cône Sud du Sénat (1). Aujourd’hui, les Mapuches n’occupent plus que 5 % des terres qui étaient les leurs historiquement, le reste du territoire étant souvent partagé entre grands propriétaires et groupes industriels, principalement forestiers précise Jean-François Gareyte, un ami de Jaime, engagé de longue date aux côtés des peuples autochtones d’Amérique latine et porte-parole de l’ONG mapuche pueblos originarios memorias y sociedad (2). Jaime Huenchullan rappelle aussi que rien n’a changé pour les Mapuches depuis la fin de la dictature Pinochet même si on a pu croire un instant que leurs voix allaient être enfin entendues avec un projet de nouvelle constitution qui a finalement été rejetée par référendum en 2023. Les échanges qui ont suivi le témoignage de Jaime Huenchullan ont porté sur la situation actuelle des communautés mapuches, leurs luttes pour la défense de leurs territoires, les perspectives de dialogue entre institutions chiliennes et représentants autochtones mais aussi sur des aspects comparatistes en termes de décentralisation entre le Chili et la France. Cette visite a « permis d’initier un échange riche autour des droits des peuples autochtones, de leur reconnaissance institutionnelle et des enjeux politiques auxquels ils font face au Chili » s’est félicitée la sénatrice Marie-Claude Varaillas.
Avant de venir à Paris, Jaime Huenchullan s’est arrêté en Dordogne. Il faut ici rappeler que le Périgord a des liens très forts avec la communauté mapuche depuis le milieu du 19ème siècle, époque à laquelle un avoué périgourdin a choisi de partir en Araucanie-Patagonie pour se faire proclamer roi par les indiens. Une histoire rocambolesque mais vraie (3). A Périgueux, Jaime Huenchullan et Jean-François Gareyte ont également pu échanger en espagnol et en occitan avec les élèves de l’école occitane la Calandreta Pergosina.
Article La Revue Parlementaire
1. Marie-Claude Varaillas (CRCE-K, Dordogne), Isabelle Briquet (SER, Haute-Vienne), Nadège Havet (RDPI, Finistère), Rémy Pointereau (LR, Cher), Émilienne Poumirol (SER, Haute-Garonne), Stéphane Sautarel (LR, Cantal), Bernard Delcros (UC, Cantal), Michelle Gréaume (CRCE-K, Nord).
2. Jean-François Gareyte est l’auteur du« Rêve du sorcier » tome 1 et 2, la biographie d’Antoine de Tounens, roi d’Araucanie et de Patagonie (aux éditions La Lauze).
3. Cette année est celle du bicentenaire de la naissance d’Antoine de Tounens (1825 – 1878).