SMD3 : la colère à tous les étages
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SMD3 : la colère à tous les étages

La réunion publique proposée la semaine dernière par le Collectif de Lutte des Déchets 24* sur la question des déchets a fait le plein. Près de 500 personnes y ont assisté, assises, debout, et la colère et les questions ou témoignages ont fusé.

Le bureau du Collectif avait choisi d’aborder le sujet à travers trois prismes, l’accessibilité, la démocratie, et l’écologie. Et inutile de dire que pour ces trois axes, le constat est accablant pour le syndicat mixte départemental des déchets (SMD3). « La grande majorité d’entre nous a reçu la facture et peut constater l’énorme écart entre les sommes réclamées et le service rendu ! », introduit Jacques Teyssier, représentant de l’USR CGT, « le mécontentement est très fort entraînant, comme il fallait s’y attendre, des incivilités et des dépôts sauvages. Les interrogations sont nombreuses sur la façon d’aborder cette question du paiement. Elle aura évidemment toute sa place dans notre débat. Cela étant il nous paraît impossible de laisser de côté une série d’aspects. Ils concernent notamment l’accessibilité, la démocratie et l’environnement ». Concernant l’accessibilité, nul besoin d’être grand clerc pour constater soi-même que les accès et le maniement des « Points d’apport volontaires » (PAV) sont tout sauf pratiques. « Comment font les personnes victimes de handicap, de petite taille, atteintes de polyarthrite… pour appuyer sur une pédale et soulever dans le même temps le couvercle ? », demande Hubert Renou, président des APF (Association des paralysés de France) de Dordogne qui précise : « Pascal Protano (le président du SMD3, ndlr) refuse depuis plus de deux ans de nous recevoir. C’est une volonté politique de ne pas recevoir nos associations ». L’autre problème de ce nouveau système de collecte est naturellement qu’il ne prend pas du tout en compte les protections et le matériel paramédical et médical que certains n’ont d’autre choix que d’utiliser régulièrement, et le travail des aides à domicile, qui se trouve compliqué et ralenti par la surcharge que représente le fait de mettre les poubelles dans sa voiture pour les emmener au PAV le plus proche. Sans parler de l’hygiène…

« Nous le disons haut et fort, le SMD3 n’est pas une entreprise à but lucratif »

Jacques Teyssier pour l’USR CGT

Était ensuite soulevée la question de la démocratie. Par qui a été construit ce système ? Comment ? Pour Jean-Marc Champeaux, d’ATTAC, « un cabinet d’étude a vendu un projet à des élus peut-être pas assez vigilants ». Car le SMD3 n’est pas un organisme privé. Il est géré par un comité composé d’élus du territoire, et devrait donc agir en toute transparence. Pourtant Jean-Marc Champeaux affirme que depuis 2020 le Collectif a demandé au président du SMD3 des précisions sur le processus ayant amené au choix de ce système si controversé, sans réponse. La CADA (commission d’accès aux documents administratifs) a été saisie deux fois et donné une réponse favorable au Collectif à chaque fois, sans que le SMD3 ne bouge. Le préfet est intervenu en avril 2022, sans plus de résultat, et actuellement un recours est déposé devant la CADA. « La réunion d’aujourd’hui a pour but que les citoyens reprennent en mains leurs affaires, en adhérant à l’Association citoyenne de lutte déchets 24 pour un service public (association CLD24PSP, adhésion 10 euros, mail : contacts.cld24@gmail.com), en créant des comités dans vos villages, afin que le SMD3 s’arrête et rende une copie conforme aux attentes des citoyens ».

Enfin Josette de la Sépanso s’est attachée à démontrer la catastrophe écologique de ce nouveau système, qui nous met aujourd’hui « face à un problème de salubrité publique, étendu à tout le territoire ». Et alors que la première facture arrive dans les boîtes aux lettres, elle a révélé que le SMD3 venait de voter un budget de 950 000 euros pour un marché de vidéo-surveillance de ses PAV. Inutile de dire comment fut accueillie cette nouvelle…

Non-paiement des factures, dépôt d’une plainte… Une nouvelle bataille s’engage

Le débat avec les présents s’est alors engagé, et la salle, déjà surchauffée depuis des mois par les défauts criants de ce type de collecte, a vivement participé. Problème de résidents de l’agglo ayant une résidence secondaire en Périgord et devant payer deux fois la « redevance incitative », problème dans les immeubles et résidences où la redevance est calculée en fonction de la taille du logement, que vous soyez seul ou cinq dedans, problème des étudiants qui sont à Périgueux de septembre à juin et doivent payer pour l’année, problème de contractualisation il y a quatre ou cinq ans entre certaines communes et le SMD3 dans des modalités acceptables, modalités changées unilatéralement par le Syndicat l’année suivante, manque total de tarification sociale…, rien dans ce système ne trouve grâce aux yeux des Périgourdins. Et certains vont jusqu’à se demander si « on » n’attend pas que le SMD3 se casse la figure pour donner la gestion des déchets au privé. Au hasard, Véolia…

Vianney Le Vacon, élu communiste à Périgueux durant un mandat, note que cette redevance représente une augmentation insupportable pour l’usager par rapport à l’ancienne formule, « pour une dégradation du service public. Il y a une rupture de démocratie, sans oublier ce mépris affiché. Ce n’est pas normal. Il faut trouver ensemble des solutions, ce n’est pas trop tard . Le SMD3 est une collectivité publique, son budget est discuté tous les ans. Il faut exiger un moratoire immédiat. Nous allons interpeller les élus locaux dans les conseils municipaux pour les faire bouger ».

A l’issue de la réunion, plusieurs décisions ont été prises. Les associations étudiantes sont appelées à se rapprocher de CLD24PSP afin d’être parties prenantes de la bataille qui va s’engager. L’hypothèse du non-paiement des factures a été émises, mais nul ne peut le conseiller car cette attitude comporte des risques de poursuites financières. L’association propose plutôt de faire traîner les choses, en adressant des demandes de délai de paiement jusqu’à la fin de l’année, au comptable de la Communauté de communes dont dépend l’expéditeur (ce sont les Finances qui collectent la redevance incitative). L’idée d’une plainte groupée contre le SMD3 a été évoquée et reste une possibilité : « Pourquoi pas ? D’où l’utilité de se constituer en association », notent les membres de l’USR CGT.

Isabelle Vitté

* Collectif de Lutte Déchets 24 regroupe l’APF-France Handicap, ATTAC (Association pour une Taxation des Transactions financières et pour l’Action Citoyenne), la SEPANSO (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud Ouest) et l’Union syndicale des retraités CGT.

Quelques chiffres :
Pour rappel, en 2021 la redevance incitative était annoncée à 145 euros pour deux personnes. En 2022, ça avait déjà bondi à 178 euros, et en 2023 la facture s’élève au final, toujours pour deux personnes, à 244,90 euros, soit 37 % d’augmentation entre 2022 et 2023. Le SMD3 rétorque en annonçant une hausse d’un million pour le budget alloué à l’essence, et d’autres charges elles aussi en augmentation, mais sur un budget de 40 millions d’euros, ces augmentations ne représentent que 10 % maximum du budget. Pourquoi donc 37 % d’augmentation s’est demandé la salle.