Réforme des retraites : journée de la honte à l’Assemblée
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Réforme des retraites : journée de la honte à l’Assemblée

Entre censure du Parlement et propos ouvertement racistes, ce jeudi 8 juin a fait basculer la démocratie et le vivre ensemble dans les tréfonds du nauséabond.

Deux jours plus tôt, les Français battaient le pavé pour la quatorzième fois depuis le début de l’année. A Périgueux, Bergerac, Sarlat comme partout ailleurs, la mobilisation bien que très fournie n’a certes pas engendré la foule des précédentes manifestations. « C’est de plus en plus difficile de dire aux gars de se mettre en grève », confie un cégétiste cheminot dans le cortège périgourdin, « beaucoup sont rattrapés par la réalité du quotidien ». Et oui, parce que dans l’un des pays les plus riches au monde, se nourrir, se soigner, se loger ne sont plus des droits fondamentaux. Ça se mérite ! Il faut trimer comme un forçat pour pouvoir y prétendre, même que souvent ça ne suffit pas. Alors pour nombre de travailleurs, se mettre en grève en cette période c’est renoncer à vivre dignement. La Macronie c’est un peu Koh Lanta : dans les deux tu fais tout pour survivre. La comparaison s’arrête là car dans l’un tu gagnes un chèque à la fin, dans l’autre tu dois bosser deux ans de plus pour que dalle… Alors oui, moins de monde dans les cortèges, mais une colère sourde face aux manœuvres gouvernementales.

Coup dur pour les droits des Parlementaires reconnus par la Constitution et la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen

Le peuple n’est en effet pas dupe de ce qui s’est tramé à l’Assemblée Nationale et même au Sénat, les 49-3 successifs avant même l’examen des textes, comme les articles 47-1, 44-2, 44-3 et 40 jusque là inconnus au bataillon pour entraver tous débats… Le député communiste Hubert Wulfranc n’hésite pas à parler de « mise à mort en règle du Parlement-législateur ». Des représentants du peuple tout bonnement réduits au silence par un gouvernement qui ne manquera pas de s’étonner du taux d’abstention ou du score de l’extrême droite lors des prochains scrutins. Extrême droite qui n’a d’ailleurs pas trouvé meilleurs alliés aujourd’hui que dans la Macronie et la droite. On ne reprendra pas ici les propos cyniques de la députée Renaissance Aurore Bergé instrumentalisant l’attaque au couteau d’Annecy pour réduire au silence tout débat sur la réforme des retraites. Les vautours de droite se sont rapidement engouffrés dans ce sordide fait divers rivalisant d’allégations les plus haineuses.

Ces dernières semaines passées dans les hémicycles et dans la rue en disent long sur l’état de notre démocratie, et ne peut que laisser craindre le pire pour l’avenir. La Macronie a su user de tous les leviers pour gouverner sans le Parlement, sans le peuple. Cette dérive autoritaire du pouvoir provoque ressentiment et colère dans un climat de violence sociale qui n’aspire qu’à l’apaisement. Le chef de l’Etat qui légitimisait en 2018 un hommage à Pétain n’a de cesse à faire les yeux doux au Rassemblement National. Et si demain l’inenvisageable se manifestait finalement ?

La nécessité d’une VIème République devient chaque jour plus évidente

La conception « jupitérienne » du pouvoir présidentiel pousse à la caricature la monarchie républicaine symbolisée par l’élection du Président de la République au suffrage universel et les pouvoirs considérables qui lui sont conférés sans pouvoir réel de le contester durant le quinquennat. Mais il ne suffit pas d’affirmer un pouvoir alors que la gravité de la crise économique et sociale s’aggrave, que les inégalités s’accentuent, marquées par l’insolence sans limite des riches bien servis par un pouvoir à leurs bottes. De toute évidence, la Constitution, l’organisation des pouvoirs publics et donc de la démocratie ne correspondent plus aux attentes de nos concitoyens, aux exigences de solidarité, de justice et à l’aspiration croissante à un nouveau mode de développement. Le pouvoir doit changer de mains en redonnant toute leur place au Parlement et au peuple par une VIème République.