Papeteries Condat : quand l’argent public finance le chômage partiel
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Papeteries Condat : quand l’argent public finance le chômage partiel

Alors que l’entreprise terrassonnaise a débuté l’année en mettant ses chaînes de production à l’arrêt, la CGT Condat s’interroge sur la stratégie de la direction et craint pour l’avenir des Papeteries. C’est dans ce contexte que les élues communistes à la Région, Fanny Castaignede et Isabelle Taris, sont allées à la rencontre des représentants syndicaux CGT de l’usine.

Périgourdine, Fanny Castaignede connaît depuis longtemps Condat, son environnement et les plans sociaux qui ont frappé les Papeteries au cours de cette dernière décennie. Isabelle Taris, de son côté, est Girondine et membre de la commission économique au Conseil Régional. Les deux élues se sont dans un premier temps intéressées à la situation actuelle de l’entreprise, « mauvaise » selon le délégué CGT de l’entreprise. Depuis le mois d’octobre, la direction multiplie en effet les arrêts de production invoquant une baisse des commandes et l’explosion des factures énergétiques. Des mesures qui fatalement s’accompagnent de chômage partiel pour les 460 salariés de la structure. Sur une toile de fond inflationniste qui frappe l’ensemble de la population, « ces périodes de chômage -dix à quinze jours par mois- ne sont pas sans conséquence sur les budgets et le pouvoir d’achat de tous les salariés », dénonce la CGT qui pointe en parallèle l’accentuation de la souffrance au travail. 

Des investissements en berne sur les chaînes de production

Ce n’est pas la première période de turbulence pour les Papeteries Condat détenues par le groupe Lecta. Il y a tout juste trois ans, l’entreprise rencontrait déjà de fortes difficultés financières encourageant l’Etat et la Région à mettre la main au porte-monnaie. A eux deux, ce sont plus de 50 millions d’euros qui ont été déboursés pour remettre la structure à flot. Pour la Région Nouvelle Aquitaine, ce fut d’abord 17 millions pour la ligne 8 (remboursables), « aujourd’hui à l’arrêt ». Puis 19 millions sur le papier couché, « également stoppé car la direction n’a pas fait ce qu’il fallait derrière ». Et enfin 1,9 million pour la formation… Ce dernier point provoque un haussement de sourcils de la part des Papetiers : « Il y’a bien eu une formation, pour ceux de la ligne 8, mais nous ne sommes plus du tout à jour des compétences », glisse le représentant CGT qui s’interroge sur la stratégie à long terme de la direction, tout particulièrement sur la pertinence de ses investissements et l’utilisation bien entendu de l’argent public.

Reste l’installation d’une chaudière biomasse dont les travaux doivent débuter ce mois-ci pour une livraison courant 2024. Ce matériel d’un coût de 56 millions d’euros subventionné à hauteur de 14 millions par l’Etat vise à réduire la facture d’électricité de l’entreprise, la plus grosse consommatrice de Nouvelle Aquitaine. Une question demeure : que faut-il attendre de cet outil ? En quoi la chaudière biomasse permettra de faire des économies d’entretien et fera baisser les dépenses ? Selon la CGT, le démarrage de la chaudière va faire rentrer de l’argent par la vente d’énergie, il est donc primordial d’accélérer sa mise en route pour réaliser des économies.

Une pénurie de papier organisée pour freiner la production ?

Il n’empêche qu’on s’éloigne là cruellement du cœur de métier des Papeteries. Le syndicat déplore depuis longtemps l’absence de projet industriel du groupe Lecta qui régulièrement sollicite les autorités publiques sans donner plus de garanties, chantage social à la clé. La CGT évoque d’ailleurs une menace imminente qui plane sur les emplois. « Beaucoup de départs en retraite vont intervenir prochainement, et nous allons tomber à 230 salariés. Ils savent que dans les trois ans qui viennent, ils vont faire des économies », glisse le syndicat qui dénonce en parallèle les dangers d’une mono-production : « Nous ne fabriquons aujourd’hui plus que des étiquettes », peste-t ’il, « la direction ne veut plus acheter de papier car il est trop cher. Elle attend que les taux baissent, et met des freins à la fabrication ».

Les salariés ont eux des pistes pour pérenniser l’activité de Condat. La modification d’ une des machines pour fabriquer du papier couché en est une. « Cela éviterait que les deux machines ne fassent plus que de la glassine (type de papier de soie traité à la glycérine, imperméable à l’air, l’eau et au gras, généralement utilisé pour l’entreposage dans les arts décoratifs ou la philatélie). Demain, le papier couché peut être une niche qui permettra à l’entreprise de se développer ».

Conditionner les aides publiques à des clauses sociales et écologiques

Les élues régionales PCF Isabelle Taris et Fanny Castagnede aux côtés des représentants CGT de Condat

Fanny Castaignede et Isabelle Taris ont apporté une précision importante : « Au mois de mars vont être revues les conditions d’attribution des aides régionales aux entreprises. Nous voulons mettre en place une éco-socio-conditionnalité des aides. Il faut cesser de donner des fonds publics sans contrôle et suivi ». Les deux élues vont désormais présenter le dossier à la Région, avec ses enjeux qu’elles ont récapitulés : « Il faut maintenir le papier couché et ne pas faire que de la glassine. L’arrivée de la chaudière peut permettre de garder le papier couché. La M4 est vieillissante, mais elle peut quand même faire du papier de 150 à 250 grammes en mat, brillant et contrasté. Les inquiétudes portent sur les subventions pour la formation, pour lesquelles il faudrait plus de contrôle, et sur la recherche et le développement qui sont inexistants. Il est urgent de faire appel à des chercheurs avant la catastrophe, et de réfléchir à l’adaptation de l’entreprise face au contexte ambiant ». Cette rencontre a duré plus de deux heures, et les deux élues étaient venues avec des questions précises, pour lesquelles elles ont eu des réponses précises qui vont leur permettre de porter ce dossier à la Région afin que les Papeteries de Condat ne rejoignent pas la longue liste des liquidations d’entreprise.