08 Nov les élus communistes s’opposent au « 49.3 contre les territoires »
L’Association nationale des élus communistes et républicains s’est réunie en congrès ce week-end à Montreuil, en Seine-Saint-Denis. Elle alerte à nouveau sur la cure d’austérité pour les collectivités prévue par le nouveau budget.
Ils sont un peu plus de 150 élus communistes – maires, conseillers régionaux, députés ou sénateurs dont une délégation périgourdine de six camarades élus sur le département – à se rassembler sur le parvis de la mairie de Montreuil (Seine-Saint-Denis), ce samedi 5 novembre. Une masse d’écharpes tricolores, brandissant des pancartes siglées « Écologie populaire », « Culture pour tous », « Services publics ». En marge du congrès de l’Association nationale des élus communistes et républicains (ANECR), qui s’est tenu du 3 au 5 novembre, et au cours duquel l’organisme s’est rebaptisé Coopérative des élus communistes, républicains et citoyens, ses membres ont voulu « tirer la sonnette d’alarme » contre un nouveau « 49.3 contre les territoires ». En cause, le nouveau vote du budget, qui rogne largement sur les finances des collectivités. L’exécutif a, en passant par un nouveau 49.3, fait fi des discussions parlementaires et réintroduit une feuille de route austéritaire. Il s’agit de mesures fixant, entre autres, des objectifs d’évolution des dépenses de fonctionnement des collectivités pour le quinquennat. Elles figuraient initialement dans la loi de programmation budgétaire 2023-2027, pourtant rejetée fin octobre en première lecture par l’Assemblée nationale.
Moins de levier pour améliorer le quotidien
« C’est une nouvelle baisse considérable de nos marges de manœuvre dans la mise en place de politiques publiques, détaille Ian Brossat, président de l’association, qui a passé, samedi, le flambeau à Philippe Rio, maire de Grigny. C’est-à-dire qu’on aura moins de leviers pour améliorer la vie des gens. » « On nous dresse des louanges pendant le Covid puis on nous serre la gorge juste après, s’agace Philippe Rio (qui signe une chronique chaque lundi dans l’Humanité, voir ci-dessous). L’État nous prend pour des prestataires de services, des tâcherons. On devrait fêter les 40 ans des lois de décentralisation, ça ressemble davantage à une marche funèbre. »
La situation est d’autant plus complexe que l’inflation, notamment des coûts de l’énergie, étouffe les communes au point que certaines ne savent toujours pas comment régler leurs factures pour la fin d’année. « Dans ma circonscription, à Saint-Amand-les-Eaux, c’est plus 400 000 euros, rappelle Fabien Roussel, député du Nord et secrétaire national du PCF. Et puis il y a l’inflation sur tous les biens de nécessité : le lait, l’huile, le beurre, tout coûte plus cher, parfois le double ! »
De quoi fragiliser davantage les ultra-précaires, pour qui les services de proximité sont essentiels. Or, pour offrir ces services, il faut que les communes aient de l’argent. Patrice Bessac, maire de Montreuil, désigne plusieurs bâtiments municipaux sur la place principale : le cinéma public le Méliès, le centre public de santé où les plus jeunes peuvent se faire examiner gratuitement… Autant de lieux que l’ANECR refuse, à Montreuil comme partout ailleurs, de voir sacrifiés sur l’autel de l’austérité.
En première ligne contre le Rassemblement National
Voilà pour l’urgence budgétaire et sociale. Un autre sujet a largement occupé les discussions du congrès : la lutte contre le Rassemblement national et la manière d’endiguer son enracinement local. Les maires communistes sont en première ligne pour constater le phénomène : « Chez moi, Marine Le Pen, c’est 70 % au second tour, glisse l’un d’eux. Pourtant, j’ai été réélu largement en 2020. Mais jusqu’à quand ? » Ce décalage entre le vote local et national inquiète. Philippe Rio veut dès lors faire des municipales de 2026 un « vrai tremplin municipaliste pour la présidentielle 2027 ». Pour le nouveau président de l’organisme, « il faut repenser une nouvelle décentralisation, qui permette de contrer ce sentiment d’abandon local qui pousse les gens dans les bras du fascisme. »
Marie-Claude Varaillas rejoint le conseil d’administration
Félicitations au maire de Grigny, Philippe Rio, qui à l’occasion de ce congrès a été élu président de la Coopérative des Elu.e.s Communistes, Républicain.e.s et Citoyen.ne.s, ainsi qu’à Marie-Claude Varaillas, Sénatrice de la Dordogne qui rejoint le conseil d’administration.