26 Sep Italie : les bottes entrent par la grande porte
Un siècle après l’arrivée au pouvoir de Mussolini, et deux semaines après la victoire du parti issu de la mouvance néonazie en Suède, les premiers résultats qui proviennent d’Italie indiquent que la coalition d’extrême-droite et de droite dominée par les néofascistes arrive en tête avec plus de 41 % des voix et devrait pouvoir constituer une majorité au Parlement.
L’Italie est le premier pays où le cordon sanitaire a été coupé en Europe. Dès 1960, face à la montée du Parti communiste, le premier ministre démocrate-chrétien, Fernando Tambroni, sans majorité, avait choisi de gouverner avec l’appui parlementaire du MSI. Ce virage populiste est un tournant politique pour toute l’Europe. Il montre l’ampleur de la crise tant sociale, politique que démocratique, et met en lumière la profondeur des inégalités sociales et territoriales. C’est une lente banalisation du fascisme, corrélée à une crise sans précédent et a un abaissement du niveau de vie de la population qui font que l’Europe est aujourd’hui hantée par ses vieux démons.
“Oui, le capitalisme conduit au fascisme !”
Julien Chouet, secrétaire fédérale du PCF 24
La droite conservatrice, en faisant le choix de s’allier avec l’extrême-droite dès le premier tour, et en étant soutenue par la Confindistria, le patronat italien, porte une responsabilité historique dans ce séisme. Ce bloc droitier a exacerbé le racisme et la xénophobie et dévoyé les colères. L’inquiétude est grande pour les droits des femmes, des personnes LGBTQUIA+, pour les migrants, et pour toutes les personnes vivant déjà dans la précarité.
La situation difficile de la gauche depuis plusieurs années n’a pas permis l’émergence d’un bloc social et politique capable de s’opposer à la recomposition de la droite italienne sur des bases d’extrême-droite. Pire même la coalition de centre-gauche, à commencer par Enrico Letta, a considéré le résultat comme joué d’avance. Ce qui est un paradoxe car cela signifie accepter de perdre sans même avoir commencé le match !
Cela résonne tout particulièrement venant d’un pays tel que l’Italie, qui est depuis plusieurs décennies un laboratoire pour l’émergence d’un bloc droitier autoritaire, libéral, anti-démocratique et xénophobe partout en Europe. Sylvio Berlusconi ouvrant la voie dès les années 90 en faisant rentrer l’extrême droite au gouvernement.
Ces résultats doivent plus que jamais tous nous inquiéter en Europe comme en France où les verrous ont d’ores-et-déjà sauté avec l’arrivée de 89 députés RN au sein de l’Hémicycle. En Italie comme dans tous les autres pays européens, il est urgent de mettre fin à ce système capitaliste, et de reconstruire une gauche, en lien avec le mouvement social et les revendications populaires, pour garantir la paix au sein de l’Union Européenne et construire les nouvelles majorités sociales et politiques qui s’imposent.
Julien Chouet, secrétaire fédérale du PCF 24