12 Avr Déclaration de Julien Chouet, secrétaire départemental de la Fédération de la Dordogne du PCF suite au premier tour de l’élection présidentielle
Les résultats sont là, et sans surprise le scénario annoncé depuis des mois vient de tomber. Des mois qu’on nous annonce l’inéluctable 2nd tour Le Pen/Macron. On le sait, les combats qui nous attendent vont être nombreux, et avant de parler de notre campagne, de votre formidable engagement, je voulais dire avec force qu’aucune voix ne doit aller au Rassemblement national pour ce second tour, non, aucune !
Je vois beaucoup de déception dans nos rangs. Pourtant ce que nous avons fait, après 15 ans d’absence, ne comptera pas pour rien. Le retour au premier plan de nos propositions, de notre parti sur la scène médiatique et surtout sur le terrain, sont les graines que nous avons semé pour l’avenir.
Ce n’est pas la fin d’une campagne, c’est le début de quelque chose, pour nous, pour les militants communistes !! C’est le retour de l’espoir. D’une gauche digne, qui ne met pas la poussière sous le tapis, d’une gauche républicaine, laïque, féministe, écologiste. C’est le début d’une nouvelle aventure pour qu’adviennent enfin les jours heureux !! On aura besoin de vous toutes et tous dès demain pour les législatives. Et je sais que vous serez là.
Notre résultat n’est peut-être pas à la hauteur de ce que nous espérions. Mais rappelons nous qu’en octobre dernier jusqu’à début janvier, nous étions encore scotchés à 1,5% et que peu de personnes se retournaient vers nous devant les usines, dans les portes à portes et sur les marchés. Aujourd’hui le regard a bien changé. Non seulement nous avons gagné un auditoire important pour la reconstruction de jours meilleurs, mais nous avons aussi gagné en crédibilité et posé des jalons avec nos propositions pour les luttes à venir.
La fin de campagne a été marquée par une immense tentative de confondre le 1er et le 2éme tour en pratiquant un chantage odieux et antidémocratique au vote utile en faveur de candidats qui prétendent incarner à eux seuls les sensibilités politiques de ce pays.
Or cette manœuvre, compte tenu de l’état de la gauche, aboutit au résultat inverse de celui recherché.
Nous faisons incontestablement les frais d’un vote utile mortifère à gauche. Puisque l’objectif n’était pas d’aller convaincre les abstentionnistes ou les citoyen-n-es qui se sont égarés dans des votes plus que contestables.
L’extrême droite, représentée par plusieurs candidats, n’a jamais été aussi forte dans notre République. L’heure est grave.
Le vote dit « utile » a largement servi les 3 candidats arrivés en tête, au détriment de tous les autres.
Dans cette élection l’abstention gagne 4 points par rapport à la précédente présidentielle pour s’établir à un peu plus de 26%. C’est dire s’il y avait, et s’il y a encore des gens à convaincre (plus de 13 millions).
C’est aussi regarder les choses en face.
Non nous ne sommes pas responsables de la non présence de la gauche au second tour. En 5 ans l’abstention n’a cessé de grandir. Et personne n’a voulu se mettre autour de la table pour, dès la fin du premier tour 2017, essayer de construire une contre-offensive au projet Macron aux législatives. 5 ans après, pour le moment, c’est bis repetita…
Mais à gauche on préfère rester sur le vote utile, et faire fonctionner les vases communicants, d’élections en élections, plutôt que d’aller convaincre.
Or le but n’est pas d’affaiblir les autres et de récupérer leur part d’électorat mais de reconstruire une gauche délabrée et de travailler à un pacte législatif et si ce n’est pas possible, de travailler pour l’avenir.
La gauche toute rassemblée fait 28%, l’extrême droite 31%…
Si Le Pen et Macron sont au second tour, c’est tout d’abord de la faute des électeurs de Le Pen et Macron. C’est ensuite parce que la gauche ne parle plus aux citoyens et citoyennes, et n’est plus capable de leur proposer un projet émancipateur, un récit dans lequel ils doivent prendre part.
Je sais que la présidentielle rend fou parce qu’elle élit malheureusement un monarque absolu mais rien ne justifie, surtout entre militants de gauche, ce déferlement de haine qui rappelle de très mauvais souvenirs, celles des pratiques staliniennes dont je croyais qu’elles appartenaient à un passé révolu. La colère ne doit pas nous aveugler et la recherche de boucs émissaires, en plus de diviser, n’aide pas à l’examen de conscience nécessaire chez toutes les forces de gauche.
Il nous faut donc impérativement remettre du cœur à l’ouvrage, cesser d’invectiver l’autre, le respecter et apprendre à s’écouter et à faire de la diversité une force. Il n’y aura de victoire de la gauche dans ce pays que si elle est capable de rassembler toute ses sensibilités, des insoumis aux socialistes de gauche, des écologistes aux communistes et d’en finir avec toutes formes d’hégémonies pratiquées à chaque élection.
Il n’y aura de victoires possibles qu’à la condition que la gauche porte résolument des propositions révolutionnaires, qui changent la vie des gens et tournent le dos à un capitalisme mortifère.
Et pour cela l’élection législative est une étape importante. Car c’est à l’Assemblée qu’il faudra commencer à résister aux projets dangereux de la droite et de l’extrême droite, à arracher des avancées pour les Français. A l’heure où le pays fait face aux plus grands dangers, à un monde plongé dans la guerre et le chaos, la gauche doit se reconstruire pour recréer l’espoir.
C’est pourquoi, Fabien Roussel a appelé tous les candidats et toutes les composantes de la gauche, Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis, Anne Hidalgo et les socialistes, Yannick Jadot et les écologistes, à préparer ensemble les initiatives qui permettront de préparer les luttes à venir.
Il les invite aussi à se réunir dans les tous prochains jours pour que les élections législatives nous permettent d’envoyer le plus grand nombre possible de députés de gauche à l’Assemblée nationale.
Gageons que cette initiative puisse aboutir au niveau national, pour que dans notre département, nous déjouions le piège du scénario déjà écrit, celui de 2017.
Nous tenons à remercier les électrices et électeurs qui ont soutenu la candidature de Fabien Roussel à l’occasion de ce premier tour de l’élection présidentielle, d’avoir voté pour la France des Jours heureux, pour une France heureuse, solidaire et digne. Pour une France d’espérance. Chacune de vos voix est importante et doit être respectée.
Comme disait Baudelaire : « La lutte et la révolte impliquent toujours une certaine quantité d’espérance, tandis que le désespoir est muet. »
Nous aurons toujours l’espoir de jours heureux.
Fraternellement.
Julien Chouet, Secrétaire départemental de la Fédération de la Dordogne du Parti Communiste Français.