Le Sablou : « On croyait avoir trouvé la Paix, on nous prépare la guerre »
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Le Sablou : « On croyait avoir trouvé la Paix, on nous prépare la guerre »

Comme chaque année, l’ARAC et sa présidente Nicole Rouffineau organisaient le 5 avril dernier sa cérémonie en mémoire des Français, patriotes antifascistes, pour la plupart communistes et syndicalistes, qualifiés d’« indésirables et dangereux » qui furent arrêtés et enfermés dans le château du Sablou.

Le 22 avril 1990, en présence de Gaston Plissonnier, membre du bureau politique du Parti communiste, de plusieurs anciens Sablousards et d’une foule nombreuse fut inaugurée cette stèle commémorative devant laquelle se sont recueillies le 5 avril dernier de nombreuses personnes. Cinquante ans plus tôt, le 17 janvier 1940 fut ouvert ce triste site d’internement qu’est Le Sablou. La politique de répression mise en place par la IIIème République à l’encontre des individus jugés « dangereux pour la défense nationale ou la sécurité publique » était déjà bien à l’œuvre. En septembre 1939 le gouvernement Daladier renforce encore la surveillance des milieux politiques considérés comme « subversifs ». Un mois plus tard, un décret appelle les préfets à placer dans des centres ces « individus dangereux ». L’internement administratif est en marche. Sans qu’aucun délit n’ait été commis, sans qu’aucun jugement ni aucune condamnation n’aient été prononcés, les préfets peuvent à loisir interner, « à titre préventif ». Une mesure qui vise essentiellement les militants et sympathisants communistes, dont le parti a été interdit le 26 septembre 1939.

« Un sinistre slogan qui prend aujourd’hui une terrible résonance… »

Jacques Teyssier pour le PCF 24

C’est la revanche de la bourgeoisie contre le peuple. C’est le « Mieux vaut Hitler que le Front populaire ! ». Très vite, le château du Sablon est choisi. Caché dans la forêt, c’est un endroit sûr pour parquer des détenus. Barbelés, chemin de ronde, sentinelles nuit et jour, fusil chargé et baïonnette au canon… Débarquant du train à la gare de Montignac, les internés traversent la ville encadrés par des gendarmes mobiles. Quelques passants les saluent avec émotion. Communistes pour la plupart, ce seront eux qui organiseront la solidarité, car les internés manquent de tout. Il fait froid et il n’y a pas de couvertures, pas plus que des assiettes ou des couverts et encore moins d’eau qu’il faut aller chercher dans la forêt voisine, sous bonne escorte bien sûr ! La vermine, les poux et la dysenterie… Sans parler des brimades, parfois les coups. Si les registres ont été volontairement brûlés par les responsables du camps de crainte qu’ils ne tombent entre les mains des communistes, on estime à 320 le nombre d’internés de force. S’ils sont principalement communistes et syndicalistes militants, on trouve aussi des Alsaciens autonomistes et quelques Tziganes que l’on traitait de Bohémiens.

Le camp fonctionnera jusqu’aux premiers jours de 1941. À sa fermeture, la plupart des « indésirables » iront remplir les bagnes d’Algérie. « En commémorant ces Sablousards, ces militants, ces ouvriers, ces paysans, ces cheminots, ces enseignants et autres employés des PTT, force nous est de constater que ce terrible dispositif de répression très tôt mis en place par ces autorités françaises qui avaient délibérément choisi de pactiser avec le fascisme et le nazisme demeure encore aujourd’hui largement passé sous silence », précisait lors de cette cérémonie Jacques Teyssier, au nom du Parti Communiste de la Dordogne, « d’où l’extrême importance de ce travail de Mémoire ». Pour le militant communiste, « nul ne doit oublier ces si sombres pages, des pages rouges de sang, des pages où le grand patronat marchait main dans la main avec les Ligues fascistes, favorisait l’ascension de Hitler, assassinait la République. On croyait avoir trouvé la Paix et on nous prépare à la guerre en trouvant des millions pour les marchands de canons. On croyait avoir terrassé “la Bête immonde”, mais elle est là, étendant chaque jour davantage son arrogance, sa puissance et sa dangerosité sur toute la planète ». Jacques Teyssier égraine : de l’Amérique à la Russie, de l’Italie à la Hongrie, sans oublier la Turquie, l’Afghanistan et plus encore cet état d’Israël « où l’extrême droite est au pouvoir, défiant chaque jour d’avantage le droit international, organisant un génocide, perpétrant crimes de guerre et crimes contre l’Humanité dans le silence assourdissant des grandes puissances. Et les voilà qui viennent, sans honte bue, d’inviter, pour un colloque contre l’antisémitisme, les dirigeants de ce parti dont certains des fondateurs n’étaient autres que des membres de la division SS Charlemagne, des membres de l’OAS ou des tortionnaires en Algérie ».

Entretenir la mémoire et se battre pour la République

Jacques Teyssier prévient « amis et camarades, il est minuit moins une. Ne laissons pas les héritiers du pétainisme et de la collaboration, Rassemblement National en tête, mettre à mal la République, attaquer la Justice et les juges, bafouer le droit, se poser en victimes alors qu’ils sont coupables, affirmer aider le peuple, alors qu’ils font la part belle aux grands patrons, se prétendre laïques alors qu’ils ne cessent de désigner les mêmes boucs émissaires, l’étranger en premier lieu, et surtout quand il vient de l’autre côté de cette Méditerranée toute emplie de cadavres. L’heure n’est pas seulement à témoigner en transmettant la mémoire, elle est à combattre pour que vive la République, pour que vivent ces valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité, j’ajouterais de Paix ».