
10 Fév « Une société de paix et de justice est possible »
La section PCF de Bergerac a tenu sa cérémonie des vœux le samedi 1er février dans ses locaux de la place du Marché Couvert. Ci-dessous le discours de la secrétaire de section, Julie Tejerizo :
Vous avez l’habitude, je ne vais pas être longue. Je vais l’être d’autant moins que la liste des bonnes nouvelles qu’a pu nous procurer 2024 tient sur les doigts de la main.
Pour ma part, je retiendrai l’inscription du recours à l’IVG dans la Constitution, même si cette avancée ne règle en rien les immenses difficultés pour les femmes à accéder à ce droit. Puis, on ne peut pas oublier la joie, l’émotion et la fierté que nous avons toutes et tous partagées ici avec l’entrée au Panthéon de Missak Manouchian et de ses vingt-trois camarades de la FTP-MOI. Enfin 2024, et ça ce n’est pas rien, c’est aussi la mort de Jean-Marie Le Pen. Alors, la bonne conscience m’obligerait à ne pas me réjouir de la mort d’un homme, mais je n’en n’ai aucune, du coup j’ai applaudi bien fort la disparition de cette ordure. Vous ferez le lien ou non avec ces trois retours d’événements, à vous de voir. Mais quoi qu’il en soit, j’en ai fini avec ce qu’a fait de mieux, à mes yeux, 2024. Parce que pour le reste, ben c’est pas folichon, voire absolument dégueulasse.
« Ils ont fait un choix économique et politique, celui de la guerre »
Julie Tejerizo, secrétaire de section de Bergerac
Je vous le disais déjà l’an passé : le monde est en guerre. La planète a connu l’an passé le nombre de conflits armés le plus élevé depuis l’après-guerre. On en dénombre 59 dans le monde, deux fois plus qu’il y a cinq ans. La guerre en Ukraine et le génocide perpétré en Palestine sont les deux principaux foyers mondiaux de conflits, les plus meurtriers. Mais n’oublions pas le Yémen, la Birmanie, le Liban, le Sahel, le Haut-Karabakh, le Congo… la liste est longue, comme celle des morts : 223 000 personnes tuées l’an passé aux estimations les plus basses, principalement des civils.
En parallèle, les dépenses militaires mondiales ont été multipliées par deux depuis vingt ans, atteignant le sommet historique de 2500 milliards de dollars. La France ne fait pas exception, et prend sa part active dans ces conflits. Nous sommes le deuxième exportateur d’armes dans le monde derrière les USA et devant la Russie. On le sait parfaitement ici avec Eurenco qui a inauguré sa nouvelle ligne de production l’an passé en présence de Macron qui vantait, face caméras, sa fameuse « économie de guerre ». A Bergerac tout le monde applaudit, du président de l’agglomération au maire de Bergerac : ça fait des emplois, ça relance l’économie locale. Moi, je vous pose la question : est-ce qu’on peut se satisfaire de la vente d’armes, au seul fait qu’il génère de l’emploi ? Est-ce un critère suffisant pour dépasser tout autre considération que celle de la paix ? Ce n’est pas vous que je vais essayer de convaincre de l’intérêt d’un Pôle public national de défense ou de la diversification des activités vers le civil. Eux, ils ont fait un autre choix, un choix économique et politique, celui de la guerre.
« On dit le capitalisme en crise, pourtant nos milliardaires se portent bien ! »
Voilà, c’est dans cette société d’une violence inouïe que nous évoluons chaque jour. Une société mondiale qui promeut la négation des droits humains, encourage le pillage des ressources naturelles, étend le creusement déjà abyssal des inégalités sociales, le tout accompagné de cette idée sordide que la vie doit être une vallée de larmes où l’effort, la douleur, la concurrence et l’absence de solidarité priment sur tout le reste… Bref le triomphe du capitalisme ! Le capitalisme, on le dit en bout de course, en crise. Pourtant nos milliardaires se portent bien, ils sont même de plus en plus nombreux, quatre sont apparus chaque semaine dans le monde en 2024. Ils sont de plus en plus riches aussi ! Leur fortune a augmenté de 2 000 milliards de dollars en un an, soit 15 milliards de dollars en moyenne chacun. Côté des pauvres aucune baisse factuelle depuis trente ans. CQFD.
Alors oui, le capitalisme est en crise. Et comme à chaque fois que c’est le cas, il se régule par la captation d’argent public. Plus de 180 milliards d’euros accordés aux entreprises en 2024, sans contrepartie au niveau social, environnemental, ou dans l’investissement productif. En parallèle, on estime à 100 milliards le montant de l’évasion fiscale. C’est plus que le budget de l’Education Nationale. Comment des entreprises qui touchent des aides publiques peuvent frauder, verser des dividendes aux actionnaires, délocaliser et licencier ? (En un an et demi, 300 plans de licenciements et 300 000 emplois supprimés ou menacés). Pourquoi les salaires ne rémunèrent plus ? Pourquoi nous comptons 10 millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté ? Et bien par choix du capitalisme, grassement accompagné par nos dirigeants politiques. Le gouvernement renonce à taper dans le capital, à reconquérir de nouvelles recettes, pourtant elles sont là. Et ce n’est certainement pas en faisant travailler gratuitement les personnes au RSA ou en supprimant l’aide médicalisée qu’on va faire entrer de l’argent ou permettre des économies.
« Le capitalisme produit les terreaux sur lesquels s’enracine le pire »
Dans un monde aussi riche et développé, il est pourtant possible d’éradiquer toute forme de misère, la précarité, le chômage… Mais cela implique que l’argent ne s’accumule plus entre quelques mains au dépend de l’immense majorité qui, elle, produit ces richesses. Tant pis si ça fait chouiner Bernard Arnaud et le CAC 40. L’histoire nous le raconte, le contexte mondial ne la dément pas. Le capitalisme est d’essence guerrière, comme il est inhérent à l’extrême droite. L’exclusion, l’extrême marginalisation, l’absence de perspectives que produit le capitalisme ne peuvent que produire les terreaux sur lesquels s’enracine le pire. L’extrême droite continue de progresser en Europe comme aux Etats-Unis : Erdogan, Netanyahou, Meloni, Orban, Milei, Weidel en Allemagne, Walker en Grande-Bretagne, et bien sûr Trump et Musk. Lui, je sais pas s’il a fait un salut nazi, par contre ce dont je suis sûre c’est que c’est bien un gros nazi. On assiste donc à une internationale fasciste, révisionniste, complotiste, qui prône la suprématie blanche, hétérosexuelle, bourgeoise et chrétienne.
En France, la menace de son accession au pouvoir est plus que jamais prégnante. La destruction des services publics, mais au-delà, la destruction de toute idée de bien commun et de monde commun, nourrissent sa progression. Les affinités intellectuelles et idéologiques de la prétendue centre-droite ou droite classique avec son extrême n’est plus à prouver. La macronie a elle depuis longtemps baissé le pont-levis. Je ne reviendrais pas sur le traitement de la crise des gilets jaunes, sur la loi immigration, ou plus récemment la submersion migratoire de Bayrou. Le pouvoir macroniste prend des accents autoritaires et réactionnaires, son rapport au droit et à l’Etat ne sert plus qu’à réprimer ses opposants et les mouvements sociaux dans le seul objectif de répondre aux aspirations du capitalisme.
« La gauche qui faisait rêver est devenue une force appauvrie »
Si depuis 2012, de législatives en législatives, l’extrême droite poursuit son ascension, c’est bien le résultat d’une politique qui ne répond en rien aux aspirations, revendications, frustrations, souffrances, au désenchantement, et à la colère de nombreuses personnes qui ne sont pas entendues, sont méprisées. Ce constat on le fait, c’est bien. La raison on la connaît, tant mieux. Maintenant il faut y remédier sur le long terme.
La gauche, qui auparavant faisait rêver, qui était une force d’attraction crédible, est devenue une force appauvrie, se réduisant elle-même « au moindre mal », au « sans nous c’est pire ». Rassemblée, elle peine tout juste à récolter 30 % des suffrages. La gauche est aux abois, c’est une réalité. Malgré cela, elle arrive quand même à se mettre des bâtons dans les roues par stratégie d’influence ou hégémonie de partis. Ce n’est pas à la hauteur de l’urgence. Il nous faut reconstruire la gauche, mais pas avec les mêmes mots et les mêmes recettes qu’avant. La gauche doit recréer un horizon d’attente, un imaginaire attractif, une utopie concrète. Oui un autre monde est possible. Une autre société émancipatrice, de progrès, de résistance, de nouveaux droits, de respect du vivant, une société de paix et de justice est possible. Mais pour que cela devienne réalité, ce n’est pas avec des lèvres serrées de complaisance qu’il faut désigner l’adversaire. Le système capitaliste doit être remis en cause de manière radicale pour construire ensemble cette alternative. Tout comme le débat démocratique, pluraliste et contradictoire doit retrouver une nouvelle vigueur, et être au cœur du processus de reconstruction de la gauche et de transformation progressiste de notre société.
« Faire élire des majorités de progrès partout où ce sera possible »
Les citoyen.ne.s sont aujourd’hui en recherche de réponses politiques rassembleuses afin de refonder une espérance. Nous avons posé une première pierre lors des dernières législatives avec la création du Nouveau Front Populaire. Et je salue les partenaires (GRS, EELV, FI, PS) qui sont présents aujourd’hui. On travaille ensemble à l’échelle du département, mais aussi ici en Bergeracois depuis plusieurs semaines maintenant, dans la perspective des municipales. Dans ces discussions qui ont lieu, le Parti Communiste n’a qu’une ambition : faire élire des majorités de progrès partout où ce sera possible. Cela sur la base d’un projet et dans le seul intérêt de nos concitoyens et nos concitoyennes, et non dans une quête qui servirait des prétentions individuelles. Le Parti communiste ira comme il a toujours fait, en étant rassembleur, continuera à être force de propositions, d’alternatives, incitera aux échanges et aux débats au plus près des gens, au pied de immeubles, dans les entreprises, auprès des syndicats, des associations sans jamais faillir de ce à quoi nous aspirons : un monde meilleur. C’est notre force à nous communistes, de croire et de lutter avec acharnement pour de meilleurs lendemains.
Je finis juste en citant Jaurès : « Le capitalisme n’est pas éternel, et en suscitant un prolétariat tous les jours, plus vaste tous les jours, plus vaste et plus groupé, il prépare lui-même la force qui le remplacera ». Voilà pourquoi il faut sortir de chez soi, se parler, se tendre la main, se respecter, pour se comprendre et revivifier le magnifique triptyque de la république sociale et laïque. En ce début d’année c’est le vœu que je formule et vous invite à partager pour qu’enfin le vivre ensemble ait enfin du sens et de l’avenir.
















